Incontinence urinaire
Définition
L’incontinence urinaire est la perte involontaire d’urine par les voies naturelles.
Épidémiologie
L’incontinence urinaire est une pathologie très frĂ©quente touchant environ 20% des femmes. Par ailleurs, elle peut ĂŞtre associĂ©e Ă une descente d’organe ou prolapsus, mais pas toujours.
Chez les hommes, l’incontinence des urines peut Ă©galement exister, mais c’est un symptĂ´me moins frĂ©quent que chez la femme. Ainsi, l’incontinence urinaire chez l’homme est souvent (mais pas toujours) associĂ©e Ă des problèmes d’adĂ©nome de prostate. Elle peut Ă©galement faire suite Ă une chirurgie de la prostate. Nous traiterons ce type d’incontinence dans un autre article.
Enfin, chez l’enfant, l’incontinence urinaire est souvent appelĂ©e Ă©nurĂ©sie. Elle survient frĂ©quemment durant le sommeil et n’a habituellement rien de chirurgical. Nous ne ferons que la citer ici.
Types d’incontinence urinaire
Nous allons nous restreindre dans cet article Ă l’incontinence urinaire de la femme.
On distingue habituellement deux types d’incontinence : l’incontinence Ă l’effort et l’incontinence par impĂ©riositĂ©.
L’incontinence urinaire Ă l’effort
L’incontinence urinaire Ă l’effort englobe toutes les fuites urinaires qui surviennent :
- Lors d’efforts physiques ;
- A la toux, en éternuant ;
- Lors de certains mouvements (se baisser, sauter, lever les bras, marcher rapidement) ;
- Parfois mĂŞme lors des rapports sexuels ;
- Ou lors de la pratique du sport.
L’incontinence urinaire par impĂ©riositĂ©
Cette forme d’incontinence Ă©galement appelĂ©e incontinence par urgences ou urgenturie, est caractĂ©risĂ©e par des fuites qui surviennent lors d’envies pressantes (impĂ©rieuses) d’uriner. Dans ces cas, il peut s’agir de petites fuites d’urines (quelques gouttes) ou parfois de fuites importantes, voire de mictions complètes involontaires (la vessie se vide brutalement tellement l’envie est pressante).
L’incontinence urinaire mixte
L’incontinence urinaire mixte associe, Ă des degrĂ©s divers, les deux types d’incontinences urinaires dĂ©crits ci-dessus.
Afin de faire prĂ©ciser la frĂ©quence et les circonstance de survenue des fuites urinaires, l’urologue utilise frĂ©quemment un questionnaire d’Ă©valuation. Le plus utilisĂ© est le calendrier mictionnel. En effet, ce calendrier, tenu sur 3 jours en gĂ©nĂ©ral, permet de complĂ©ter la discussion entre la patiente et son mĂ©decin. Ceci permet de prĂ©ciser des symptĂ´mes et donc d’orienter le diagnostic et le traitement.
Les cause de l’incontinence urinaire
Les causes des fuites urinaires sont diverses et la plus frĂ©quente est le traumatisme musculaire et ligamentaire qui survient lors de l’accouchement. En effet, mĂŞme si l’accouchement n’a pas Ă©tĂ© particulièrement traumatique ou compliquĂ©, il provoque un Ă©tirement des tissus qui est souvent Ă l’origine d’une incontinence urinaire. Cependant, beaucoup d’incontinences urinaires apparaissant pendant une grossesse ou après un accouchement disparaissent peu après. MalgrĂ© tout, l’incontinence urinaire peut survenir peu après l’accouchement, mais Ă©galement Ă distance de ce dernier, parfois mĂŞme des annĂ©es plus tard.
Les autres causes de l’incontinence Ă l’effort sont :
- Le vieillissement des tissus, en particulier après la ménopause ;
- Les efforts physiques intenses, en particulier ceux qui provoquent une augmentation importante et/ou brutale de la pression dans l’abdomen. Ce phĂ©nomène survient en particulier lors de la pratique de certains sports (tennis, saut, port de charges lourdes), mais Ă©galement en cas de constipation.
Dans certains, aucune cause n’est vraiment trouvĂ©e. C’est le cas chez certaines femmes jeunes, n’ayant pas eu d’enfant et qui pourtant peuvent avoir des fuites urinaires Ă l’effort.
Le diagnostic
Comme indiquĂ© plus haut, le temps de la discussion entre la patiente et l’urologue est fondamental. En effet, cette discussion permet, grâce Ă des questions simples, de prĂ©ciser dans beaucoup de cas dès le premier entretien, le type d’incontinence urinaire. Des examens complĂ©mentaires sont parfois demandĂ©s, soit pour prĂ©ciser le diagnostic, soit avant d’envisager un traitement, en particulier chirurgical.
Les examens complémentaires
Le calendrier  mictionnel
La tenue d’un catalogue ou calendrier mictionnel permet au mĂ©decin de mieux apprĂ©cier les symptĂ´mes : frĂ©quence des besoins, quantitĂ© urinĂ©e, prĂ©sence de fuites, etc. Il est possible de visualiser et d’imprimer un calendrier mictionnel pour le remplir avant la consultation mĂ©dicale. Le calendrier mictionnel est très facile Ă remplir, idĂ©alement sur 3 ou 4 jours et nuits, pas forcĂ©ment consĂ©cutifs. Vous pouvez tĂ©lĂ©charger ou imprimer un calendrier mictionnel (fichier PDF).
L’examen urodynamique
Cet examen rĂ©alisĂ© Ă la consultation d’urologie permet dans certains cas complexes d’identifier des paramètres dĂ©faillants qui peuvent ĂŞtre Ă l’origine de l’incontinence. L’examen urodynamique (Ă©galement appelĂ© bilan urodynamique) n’est pas rĂ©alisĂ© systĂ©matiquement pour toute incontinence. En effet, il est surtout utile en cas de situation complexe (patiente dĂ©jĂ opĂ©rĂ©e, symptĂ´mes mixtes, maladies neurologiques). D’autre part, il est Ă©galement utile avant une intervention chirurgicale, afin de dĂ©pister un risque de complication (rĂ©tention post-opĂ©ratoire, par exemple) ou un risque d’Ă©chec ou de rĂ©sultat incomplet (par exemple en cas d’insuffisance sphinctĂ©rienne).
Plus de détails sur le bilan urodynamique.
La cystoscopie
La cystoscopie permet parfois de diagnostiquer certaines causes d’incontinence urinaire. Cet examen n’est cependant pas pratiquĂ© systĂ©matiquement en cas d’incontinence urinaire.
Plus d’informations sur la cystoscopie.
Les traitements
L’incontinence urinaire d’effort et l’incontinence urinaire par impĂ©riositĂ© ne se traitent pas de la mĂŞme façon.
Voyons Ă prĂ©sent les mĂ©thodes utilisĂ©es pour traiter chacun de ces types d’incontinence urinaire.
Traitement de l’incontinence urinaire d’effort
La rééducation périnéale
En cas d’incontinence urinaire d’effort, la rééducation du pĂ©rinĂ©e est la première mĂ©thode habituellement proposĂ©e. Cette rééducation est conduite par un kinĂ©sithĂ©rapeute. Elle permet d’amĂ©liorer la situation dans plus de la moitiĂ© des cas. Si nĂ©cessaire, des exercices peuvent ĂŞtre effectuĂ©s chez soi après que les sĂ©ances chez le kinĂ© aient Ă©tĂ© terminĂ©es, afin d’en prolonger le bĂ©nĂ©fice.
Cependant, il existe Ă©galement des dispositifs d’auto-rééducation pĂ©rinĂ©ale, qui permettent de faire les exercices chez soi, Ă l’aide d’un dispositif proche de celui utilisĂ© par le kinĂ©sithĂ©rapeute. Le travail effectuĂ© n’est malgrĂ© tout pas aussi efficace et personnalisĂ© que celui effectuĂ© avec un kinĂ©sithĂ©rapeute.
L’intervention chirurgicale
En cas d’Ă©chec de la rééducation, ou si elle ne peut pas ĂŞtre rĂ©alisĂ©e, une intervention chirurgicale peut être proposĂ©e. Il existe plusieurs types d’interventions :
La pose de bandelette sous-urétrale
Bandelette pour incontinence urinaire (cliquer pour agrandir)
Actuellement, les interventions proposĂ©es en première intention sont dites « mini-invasives ». Il s’agit de la pose d’une bandelette de tissu synthĂ©tique (habituellement du polypropylène) sous le canal de l’urètre. Cette intervention peut s’effectuer sous anesthĂ©sie gĂ©nĂ©rale ou pĂ©ridurale, elle peut se faire en ambulatoire. La pose de bandelette sous-urĂ©trale est une intervention peu douloureuse et en gĂ©nĂ©ral très efficace, y compris Ă long terme. Il existe deux variantes de l’intervention, selon le trajet de la bandelette : la bandelette par voie trans-obturatrice (TOT) et la bandelette par voie rĂ©tro-pubienne (TVT).
Plus d’infos sur la bandelette sous-urĂ©trale pour traiter l’incontinence urinaire d’effort.
Les autres interventions
PratiquĂ©es beaucoup plus rarement, il existe d’autres interventions chirurgicales pour le traitement de l’incontinence urinaire d’effort comme par exemple la pose de ballons latĂ©ro-urĂ©traux ou la pose d’un sphincter artificiel.
Traitement de l’incontinence urinaire par impĂ©riositĂ©
Les médicaments
Le premier traitement utilisĂ© dans l’incontinence urinaire par impĂ©riositĂ© est le traitement mĂ©dicamenteux. En effet, les mĂ©dicaments de la classe des anticholinergiques sont très efficace pour lutter contre l’hyperactivitĂ© de la vessie. Les mĂ©dicaments anticholinergiques les plus utilisĂ©s en France sont : L’Oxybutynine (Ditropan®, Driptane®), le SolifĂ©nacine (Vesicare®), le chlorure de Trospium (Ceris®). Tous ces mĂ©dicaments possèdent des effets secondaires dont le principal principal est la sĂ©cheresse buccale.
Les injections de toxine botulique
En cas d’Ă©chec des anti-cholinergiques, un traitement par injections de toxine botulique (Botox®) dans la paroi de la vessie peut ĂŞtre proposĂ©. Ce traitement dont le remboursement pour les incontinences par impĂ©riositĂ© d’origine non neurologique, est acquis en France depuis 2014, apporte une amĂ©lioration significative dans plus de 60% des cas. Les injections peuvent se faire en ambulatoire, sous anesthĂ©sie locale ou loco-rĂ©gionale. Mais l’effet n’est obtenu que pour une durĂ©e moyenne de 6 Ă 9 mois. Par consĂ©quent, il est habituel de devoir renouveler les injections rĂ©gulièrement.
La neuro-modulation des racines sacrées
En cas d’Ă©chec des mĂ©thodes prĂ©cĂ©dentes, il peut ĂŞtre proposĂ© la neuro-modulation des racines sacrĂ©es. Cette technique consiste en l’implantation d’une Ă©lectrode au contact d’une racine nerveuse près de la partie basse de la colonne vertĂ©brale (le sacrum), de façon Ă stimuler Ă©lectriquement, par l’intermĂ©diaire d’un boĂ®tier placĂ© sous la peau (un peu comme un pace-maker), la racine nerveuse (habituellement S3). Cette stimulation permet d’agir sur les contractions inopinĂ©es de la vessie et de diminuer les impĂ©riositĂ©s et les fuites par urgence.
Page mise à jour le 25 novembre 2022